J’ai passé un samedi de rêve.
Je suis encore ébahie de penser que j’ai pu rencontrer un maître japonais de la gravure sur bois, Sensei Motoharu Asaka. Un de ces hommes qui, dans la plus pure tradition japonaise, a dédié sa vie à son art, à une technique, la gravure sur bois. Dès l’âge de 11 ans il a débuté la gravure pour entrer en apprentissage à 16 ans. Sa formation durera 17 ans. Chacun de ses gestes est le fruit de cet apprentissage, répété encore et encore et il nous a expliqué faire encore aujourd’hui exactement tel que la technique lui a été enseignée. Il lui faut une journée entière pour aiguiser certaines gouges (une journée juste pour une gouge !) ! On ne peut que constater que toute sa vie est dédiée à cet art.
Il est l’un des rares graveurs autorisés à reproduire les œuvres nationales. Je peux vous dire que parmi la quinzaine de graveurs ou artistes professionnelles qui étaient à cette initiation, je n’étais pas la seule éblouie et consciente de la chance de rencontrer un grand monsieur d’un art dont il est l’un des derniers représentants. Sensei Asaka, monsieur très impressionnant de prime abord qui a fini par faire des plaisanteries avec l’œil qui frise, ce qui permettait de connaître le ton de ses propos avant la traduction. Pour pouvoir s’adresser à nous, nous avions des « bagdes » où nos prénoms étaient écrit en japonais.
Vous connaissez certainement la célébrissime estampe japonaise La Grande Vague de Kanagawa (神奈川沖浪裏 , Kanagawa-oki nami-ura) du peintre Hokusai ? J’ai été très surprise de découvrir que pour la création d’une estampe japonaise (estampe ukiyo-e), cela demande plusieurs artistes et que le peintre « n’aurait que » dessiné l’esquisse de cette vague. Entrent aussi en jeu un coloriste et un graveur.
Motoharu Asaka nous parle de son métier (en japonais sous-titré en anglais) et on peut le voir graver. C’est une très belle vidéo que l’on peut apprécier sans nécessairement en comprendre les paroles :
Souhaitant que son métier ne disparaisse pas avec les graveurs de sa génération, il effectue une tournée mondiale et des ateliers ont été organisés autour de la gravure et l’impression d’estampes. Après une démonstration de la technique d’impression et une explication autour des outils utilisés, nous avons pu nous essayer à l’impression de gravure.
Le graveur a un dessin, le reproduit et grave une planche de bois par couleur, il peut y avoir jusqu’à 100 couleurs différentes ! Puis, chaque couleur est imprimée l’une après l’autre, avec de nombreux effets possibles. Chaque détail est important et si l’on dose mal la quantité de peinture et de colle de lapin on peut tout simplement abimer le papier et il faut recommencer. Le papier utilisé étant japonais lui aussi et fait à la main, ce qui pousse à la concentration !
La très précise fabrication du papier à la main au sein de l’Awagami Factory :
L’après-midi s’est clôturée autour d’un traditionnel thé vert japonais, de délicats et doux mochis et de biscuits au thé vert où nous avons pu admirer le travail de Sensei Motoharu Asaka et en discuter avec lui.
Ce fut une après-midi passionnante qui inspirera mon travail et dont les idées d’application germent déjà dans mon cerveau fertile. Et vous, êtes-vous inspiré par de grands maîtres ? Avez-vous eu l’occasion d’en rencontrer ?
Oh la chance !!! C’est génial ! Bravo et merci pour ton partage j’en étais émue :)))) merci merci ! Je n’ai jamais rencontré aucun graveurs que ce soit sur gomme ou linogravure ou bois …c’est au bout de deux ans de gravure seulement que j’ai pensé fureter sur Youtube!!! C’est pour dire !! Encore merci !! :)))
Si j’ai pu faire passer l’émotion que j’ai eu en étant en sa présence, j’ai bien formulé mon billet ! Quand nous nous sommes retrouvé devant lui, le silence s’est fait, nous étions tous très intimidé !
Et petit à petit, au fur à mesure de ses conseils, le contact s’est établi et il a fait plusieurs blagues, dont une que l’interprète n’a même pas osé nous traduire ! Ça a bien détendu l’atmosphère.
Je suis comme toi, j’ai démarré la gravure comme un loisir et c’est au fur et à mesure du temps que je me suis rendue compte de l’impressionnante histoire de la gravure.
Si tu veux, si j’entends parler de nouveaux workshops, je peux t’avertir ?